Espoir

Chaussettes reprisées / D’une pensée frileuse / Anonnant face au vent / Les vagues frissonnant

Sur le sable mouillé / D’un Nord imaginaire / Où je crus être heureux / Où j’échouai brisé

Je ravaude la nuit / Ce naufrage bleui / Par beau temps ébloui / Sous un ciel bas et gris

Tout ciel mérite amour / Et la mer et la plage. /Où courir nous fait rire / Nuages menaçant

De crever de verser / Sur nos yeux ébahis / L’espoir d’une tempête / À bord d’un beau gréement.

Photo : St-Malo, 04/08/22, 17:55, rien ©JJM

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Le rêve

Quand je t’ai vue tantôt / Alors que déjà loin / Tu vivais sur une île / À l’abri de mes mots

J’ai bien cru m’évanouir / Comme vapeur au ciel. /Des oiseaux sans mot dire / En vol serré fuyaient

Mauvais rêve dit-on / Quelle erreur quel bonheur / Quand l’imagination / Triture mes désirs

Prenant malin plaisir / À me faire voyager / En un conte brulé / Amour est incendie

Mémoire est un sac vide / Où je garde secret / Ce que nul ne saura / Ni moi non plus hélas.

Photo : Le Rêve, 1857, Charles Chaplin, m. Marmottan-Monet, expo. « Le théâtre des émotions », 30/07/22, 13:17, rien ©JJM

Le nuage

M’éveillant à l’aurore / Enfin c’est beaucoup dire / À peine extrait méli- / Mélo d’images floues

Passées aux rayons X / D’un Inconscient ravi / D’ainsi mêler cacher / Jouer les trouble-fête

Imaginant ma tête / Au casse-pipe du matin / Bouche pâteuse à souhait / Mots de nuit ruminés

Je vis à la fenêtre / Un nuage ébahi / En miroir inversé / De mes traits esquissés

Défiler devant moi / Une planche-contact / Palimpseste naïf / D’un enfant étonné.

Photo : Rayons X, 20/11/22, 09:14, rien ©JJM

Mélodie

Triomphe est leurre échec / Tremplin aventure à. /Tâtons parfois ébloui / L’espoir renaît soudain

D’un lendemain obscur / Ce n’est qu’à l’infini / Brouillon en pâture au / Chien attaché mordant

L’air du soir quand la nuit / Tombe fracas d’étoiles / À peine vues déjà / Mortes passé présent

S’aimant à la folie / Sur le gravier de la / Vie s’élève alors la / Voix d’un enfant face à

L’ouvert vertigineux / Destin entrevu faille / De l’être offert au vent / Mélodie du tréfonds.

Photo : Arc de Triomphe, Jardin des Tuileries, 26/10/22, 18:04, rien ©JJM

Un rien

J’ai sans aucune amarre / Dévalé un torrent / Et appelé trop tard / Consolé par le vent

Au matin j’ai compris / Soleil encore caché / Englouti par le gris / D’un ciel déjà gâché

Qu’un rien peut me détruire / En moi taupe de braise. /Aux yeux rougis par l’ire / Qu’au bord d’une falaise

Un enfant verse à flots / Dans l’océan du temps / Le visage pâlot / De qui espère tant

Mais un sentier pierreux / L’attend derrière lui / Qu’il suivra tout heureux / Car jamais il ne fuit.

Photo : Matin, Toulouse, 18/11/22, 07:12 ©JJM

Dieux

Dans les escarbilles de / Mon esprit chancelant / Invoquer les dieux si / Lointains indifférents

Me renvoie au piètre / Éclat d’une révolte si / Tenace qu’elle et moi / Faisons un et depuis

Toujours mot facile / Pour dire déréliction / Ou ivresse et lumière / Que nos corps abritent

Abandon joie bafouée / Dont la blessure force / À défier le sort amour / Sauf qui sait personne.

Photos : « Ramsès II est introduit après des dieux », 1275 av. JC, 19e dynastie, Louvre, 27/07/22, 15:22, aparté ©JJM

Les oies sauvages

Le monde s’effondre est / Image ou symptôme, ou / Désir de nouveau car les / Yeux voient une fontaine

Les oies sauvages volant / En V pointé un ciel clair / Mais front sur la fenêtre / Embuée du matin je me

Bats incapable d’effacer / Éponge en main l’image / De l’effondrement malin / Entrailles noyées de nuit

Luttant contre moi-même / Qui d’autre peux-tu dire / Si dessous ou dehors ou / Devant lointain se cache

Encore tapi dans l’ombre / Un monde renaissant pur / Je lutte impuissant contre / L’image d’un enfant seul

Autre image appel je sais / Les oies sauvages tracent / Un chemin transparent je / Les suis je m’en vais fuis.

Photo : Fontaine, Jardin des Tuileries, 28/10/22, 18:23, rien ©JJM 

L’avenir

J’aurai beau lever les / Bras tirer sur mes doigts / Jamais je n’atteindrai / La branche où sont perchés

Les perruches vertes ou / Le vol d’étourneaux si /Bruyants que j’aurai beau / M’égosiller poumons

À deux doigts d’exploser / Pour héler je ne sais / Qui pour je ne sais quoi / Personne n’entendra

Ou j’aurai beau creuser / La terre à mes pieds à / Mains nues aussi gourdes / Que bois n’atteindrai pas

La taupe à si belle / Fourrure glissant là / Dans le noir absolu / Ni le lombric transi

Mais se réchauffant au / Cœur d’un nœud de racines / Où sève et terre gardent / Pour l’hiver l’avenir

Secret oh j’aurai beau / Porter mon fardeau sur / Mes épaules tendues / Jamais n’aurai la force

D’une fourmi ni d’un / Aigle serrant sa proie / Jusqu’au nid accroché / À l’à-pic du sommet

Mais mon cœur bat pour toi / Et j’aurai beau n’en rien / Dire et le calmer il / Est plus puissant que moi

Ce monde est si beau et / Moi si faible et petit / Qu’il me reste à l’aimer / Jusqu’au bout oh de quoi.

Photo : Grand-Rond, 05/12/22, 17:09, rien ©JJM

Grincheux

Nul animal n’est bête / Si fleur émeut abeille. /Et papillon autant / Qu’enfant dans la prairie

C’est qu’émotion les meut / Vers la beauté vitale / L’oiseau n’est pas en reste. /Œil alerté de loin

Par un insecte un grain / Lui-même en douce épié. /Par des crocs affamés. /L’harmonie respectée

Ici et là résiste. /Au grand délabrement / D’un élan en chaque être / À l’exception d’un seul

Car seul il est bien seul / Et si bête Rousseau / Avait grincheux raison /Qui aimait la nature

S’y promenait toujours / Rêvant d’un monde humain. / Où l’humain serait bon / Et pour lui et pour tous

Mais nous ne rêvons plus / Tournant autour du pot. /Fêlé oh l’abeille meurt / La fleur sèche sans eau

L’hypocrite égoïsme. /Ronge nos âmes grises. /Et nous fait oublier / Le beau chant des oiseaux.

Photo : Grand-Rond, 05/12/22, 17:10, rien ©JJM

L’éclat

C’est un long soliloque / Entrecoupé de fleurs / De nuages et de pluie / Porte et fenêtre closes

Pour mieux voir et sentir / Les couleurs les parfums / D’un voyage effacé / Je passe du corps à l’âme

Et cours à perdre haleine / Après le temps d’aimer / Croise des paysages. /Tatoués sur nos mains

Terrain vague du jeu / D’un enfant désœuvré / Je sifflote en marchant / Un air de jazz ancien

Qui raconte la vie / D’une femme qui boit / Et d’un homme épuisé / Broyés par le destin

Auquel je ne crois pas / Dans un sursaut d’orgueil / Pour la beauté du geste / Et de tes yeux l’éclat.

Photo : Ciel, place Saint-Étienne, Toulouse, 07/12/22, 17:09, rien 23:45 ©JJM