Voix lactée

Va vers le soleil dans

La nuit sans étoiles

Suis l’animal en toi

L’esprit de la forêt.

Photo : Départ, 09/12/22, 07:23, rien ©JJM

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L’éclat

C’est un long soliloque / Entrecoupé de fleurs / De nuages et de pluie / Porte et fenêtre closes

Pour mieux voir et sentir / Les couleurs les parfums / D’un voyage effacé / Je passe du corps à l’âme

Et cours à perdre haleine / Après le temps d’aimer / Croise des paysages / Tatoués sur nos mains

Terrain vague du jeu / D’un enfant désœuvré / Je sifflote en marchant / Un air de jazz ancien

Qui raconte la vie / D’une femme qui boit / Et d’un homme épuisé / Broyés par le destin

Auquel je ne crois pas / Dans un sursaut d’orgueil / Pour la beauté du geste / Et de tes yeux l’éclat.

Photo : Ciel, place Saint-Étienne, Toulouse, 07/12/22, 17:09, rien 23:45 ©JJM

Il a faim

Albertine lunettes / De traviole verres épais / Hublots tachés d’embruns / Et l’on voit à l’affût

Deux perles pâles bleues / D’où la vie observe / Tout elle a perdu ses / Pantoufles au milieu du

Couloir l’infirmière lui / Prend le bras Alors où / Vas-tu Albertine Hé / Bé traire pardi c’est

L’heure Albertine n’est / Ici pour personne et / Traverse un champ pieds nus / File comme une souris

Galopant au grenier / Qu’elle ne quitte plus / Depuis la pleine lune / Et le Petit Jésus

A faim mastique-t-elle / Dans une chambre un cri / Lance la nuit dansons / L’odeur du souper se

Mêle aux rires de la / Salle de soins où clignote / Un sapin minuscule / Oh mes plus beaux Noëls / Je les ai passés là.

Photo : Place Saint-Étienne, Toulouse, 07/12/22, 17:37, rien ©JJM 

Grincheux

Nul animal n’est bête / Si fleur émeut abeille / Et papillon autant / Qu’enfant dans la prairie

C’est qu’émotion les meut / Vers la beauté vitale / L’oiseau n’est pas en reste / Œil alerté de loin

Par un insecte un grain / Lui-même en douce épié / Par des crocs affamés / L’harmonie respectée

Ici et là résiste / Au grand délabrement / D’un élan en chaque être / À l’exception d’un seul

Car seul il est bien seul / Et si bête Rousseau / Avait grincheux raison / Qui aimait la nature

S’y promenait toujours / Rêvant d’un monde humain / Où l’humain serait bon / Et pour lui et pour tous

Mais nous ne rêvons plus / Tournant autour du pot / Fêlé oh l’abeille meurt / La fleur sèche sans eau

L’hypocrite égoïsme / Ronge nos âmes grises / Et nous fait oublier / Le beau chant des oiseaux.

Photo : Grand-Rond, 05/12/22, 17:10, rien ©JJM

L’avenir

J’aurai beau lever les / Bras tirer sur mes doigts / Jamais je n’atteindrai / La branche où sont perchés

Les perruches vertes ou / Le vol d’étourneaux si / Bruyants que j’aurai beau / M’égosiller poumons

À deux doigts d’exploser / Pour héler je ne sais / Qui pour je ne sais quoi / Personne n’entendra

Ou j’aurai beau creuser / La terre à mes pieds à / Mains nues aussi gourdes / Que bois n’atteindrai pas

La taupe à si belle / Fourrure glissant là / Dans le noir absolu / Ni le lombric transi

Mais se réchauffant au / Cœur d’un nœud de racines / Où sève et terre gardent / Pour l’hiver l’avenir

Secret oh j’aurai beau / Porter mon fardeau sur / Mes épaules tendues / Jamais n’aurai la force

D’une fourmi ni d’un / Aigle serrant sa proie / Jusqu’au nid accroché / À l’à-pic du sommet

Et mon cœur bat pour toi / Oh j’aurai beau n’en rien / Dire et le calmer il / Est plus puissant que moi

Ce monde est si beau et / Moi si faible et petit / Qu’il me reste à l’aimer / Jusqu’au bout oh de quoi.

Photo : Grand-Rond, 05/12/22, 17:09, rien ©JJM

Étoiles

La météo des pages / Annonce un temps saudade / Le matin a du mal / À sortir de la glace

Me revient d’un roman / Profondeurs le bain du / Personnage tout nu / Dans un trou d’eau gelée

Fascination du Nord / Et lumière du Sud / Oh la lumière du Nord / Et du Sud les étoiles

L’esprit demande peu / Pour que les draps s’envolent / Avide de voyages / En faisant du sur place

Soudain se lève en moi / La frêle silhouette / Embroussaillée de mots / De Maria Casta Diva.

Photo : Étoiles rouges, Grand-Rond, 05/12/22, 17:07, rien ©JJM

Jongler

J’aime la contrainte / Que je m’impose c’est / Bien la seule dans le / Rapport à l’être aux maux

Au monde le grand mot / Est lâché je me vois / Flairant les yeux fermés / Le parfum d’une piste

Et me fige étonné / Inquiet déjà mon pied / Foule un vide inconnu / Habité d’animaux

Qui m’épient me flairant / En retour ici là / Ou des fleurs de prairie / Clairsemées en six pieds

Je fais ce que je veux / Et si ça ne plaît pas / Si on n’y hume rien / Vais-je donc pour cela

Me forcer à virer / Renoncer à écrire / À un rythme seul mien / Me plier au vers qui

N’a de libre que le / Nom eh bien cela non / Si le style c’est l’homme / Je l’avoue n’en ai pas

Et si cela me chante / Je casse et refais tout / C’est idiot je m’en fiche / Entre dans la parole

Comme dans les ordres fait / Le moinillon naïf / Aspirant à l’espace / Et aux sommets des dieux

J’y vois d’étranges êtres / Ou de terribles choses / Et les mets en musique / Pour jongler en chemin.

Photo : Jongleurs à l’exercice, place de la Daurade, Toulouse, 30/11/22, 18:39, rien ©JJM 

Annonce faite à la vie

Il fait froid dans les ruines / Des villes dévastées / Ou les trottoirs glacés / Des villes enguirlandées

Oh si froid pierre fendue / Quand la bise caresse / Les statues habillées / Du fin givre hivernal

Si froid dans les regards / Figés par la terreur / Ou les habits durcis / Par la nuit si tenace

Ailleurs la sècheresse / Décime les troupeaux / Cases remplies de sable / Et pagnes en lambeaux

Où fuir quand rien n’est sûr / Que l’horizon se fond / Dans un ciel incertain / Sur une mer hostile

Au fond des eaux la vie / Trouve refuge et crie / Pour percer le mystère / D’un désastre annoncé.

Photo : Canal de Brienne, Toulouse, 30/11/22, 18:23, rien ©JJM

Personne

Ne va surtout pas croire / Qu’ainsi si flou me voir / Te fera découvrir / Plus que si j’étais net

Car c’est dedans qu’est le / Plus flou tu sais pour moi / Pour tous je ne suis rien / Qu’un écho singulier

Au paraître masqué / Personne en personne ou / Si tu préfères toi-même / En un corps différent

Je dis « en » prétentieux / Car toi ni moi n’avons / Accès qu’au décorum / Changeant et si trompeur

J’exagère on voit tout / Ce qu’on montre n’est rien / Ce que tu vois déborde / Je n’y suis pour personne.

Photo : Personne, 04/12/22, 15:10, rien ©JJM