L’avenir

J’aurai beau lever les / Bras tirer sur mes doigts / Jamais je n’atteindrai / La branche où sont perchés

Les perruches vertes ou / Le vol d’étourneaux si /Bruyants que j’aurai beau / M’égosiller poumons

À deux doigts d’exploser / Pour héler je ne sais / Qui pour je ne sais quoi / Personne n’entendra

Ou j’aurai beau creuser / La terre à mes pieds à / Mains nues aussi gourdes / Que bois n’atteindrai pas

La taupe à si belle / Fourrure glissant là / Dans le noir absolu / Ni le lombric transi

Mais se réchauffant au / Cœur d’un nœud de racines / Où sève et terre gardent / Pour l’hiver l’avenir

Secret oh j’aurai beau / Porter mon fardeau sur / Mes épaules tendues / Jamais n’aurai la force

D’une fourmi ni d’un / Aigle serrant sa proie / Jusqu’au nid accroché / À l’à-pic du sommet

Mais mon cœur bat pour toi / Et j’aurai beau n’en rien / Dire et le calmer il / Est plus puissant que moi

Ce monde est si beau et / Moi si faible et petit / Qu’il me reste à l’aimer / Jusqu’au bout oh de quoi.

Photo : Grand-Rond, 05/12/22, 17:09, rien ©JJM

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Grincheux

Nul animal n’est bête / Si fleur émeut abeille. /Et papillon autant / Qu’enfant dans la prairie

C’est qu’émotion les meut / Vers la beauté vitale / L’oiseau n’est pas en reste. /Œil alerté de loin

Par un insecte un grain / Lui-même en douce épié. /Par des crocs affamés. /L’harmonie respectée

Ici et là résiste. /Au grand délabrement / D’un élan en chaque être / À l’exception d’un seul

Car seul il est bien seul / Et si bête Rousseau / Avait grincheux raison /Qui aimait la nature

S’y promenait toujours / Rêvant d’un monde humain. / Où l’humain serait bon / Et pour lui et pour tous

Mais nous ne rêvons plus / Tournant autour du pot. /Fêlé oh l’abeille meurt / La fleur sèche sans eau

L’hypocrite égoïsme. /Ronge nos âmes grises. /Et nous fait oublier / Le beau chant des oiseaux.

Photo : Grand-Rond, 05/12/22, 17:10, rien ©JJM

L’éclat

C’est un long soliloque / Entrecoupé de fleurs / De nuages et de pluie / Porte et fenêtre closes

Pour mieux voir et sentir / Les couleurs les parfums / D’un voyage effacé / Je passe du corps à l’âme

Et cours à perdre haleine / Après le temps d’aimer / Croise des paysages. /Tatoués sur nos mains

Terrain vague du jeu / D’un enfant désœuvré / Je sifflote en marchant / Un air de jazz ancien

Qui raconte la vie / D’une femme qui boit / Et d’un homme épuisé / Broyés par le destin

Auquel je ne crois pas / Dans un sursaut d’orgueil / Pour la beauté du geste / Et de tes yeux l’éclat.

Photo : Ciel, place Saint-Étienne, Toulouse, 07/12/22, 17:09, rien 23:45 ©JJM

Ailes

J’écris des chansonnettes / Et me soucie bien peu / Qu’elles soient tristes ou gaies / Rendant justice aux deux

Sentiments m’habitant. /Et tâchant de toucher. /Là où un sol tremblant / M’empêche de marcher

Ou m’emporte si bas / Si haut qu’ivre je suis / Brisé grisé les ailes / Cassées ou comme Icare

Inconnu décollées / Ma cire à moi n’est pas / Plus sûre bricolée / Mélange d’humeurs et

De pleurs rire ou chagrin / Ma vie ne tient qu’à ce / Fil qui le matin me / Tire du lit défait.

Photo : Ombre du 02/12/22 à 19:07, rien ©JJM