Bribes, ébauches. Trop-plein d’émotions / Noir ni triste sourd, goutte dans la gorge. / Paillettes de joie au fond, un texte suinte / Inachevé, mots d’un collier au fil cassé.
Scribe de ma nuit indique-moi une voie. / Main levée. Je cours, un éclat de beauté / Luit, un sourire me submerge lumineux. / Oh, musique, pâles mots lancés au vent.
Fleuris, prairie, sur les rêves d’enfance. / Parfum, mains rouges, soleil de savane. / Forêt de cheveux soudain visage enfoui.
La sérénité, je ne peux, étant réduit à ne / Rien confier, à me taire flottant, paraître / Flou. Je guette une déchirure. M’évader.
Oh qu’as-tu vu, ai-je laissé échapper / Ne sais quoi, ouï de ma voix, océan, / Miel. J’ai tressailli, regards d’enfant, / Effondrement le sol se dérobe, je les
Croyais perdus, qu’as-tu fait. Lumière / Joie, inépuisable douceur, la nuit seule / Préserve de l’incendie et de l’abandon. / Reste le halo, souffle d’un être fugace.
Une vague rejetée par la falaise revient / Revient encore, infatigable. Nuit d’été, / Et sur le sable, les rumeurs d’une ville.
Combat d’amour de l’eau, de la pierre. / L’image s’efface. Disparaître et hanter / L’âme, anémone aspirée par le ressac.
Entends-tu les vagues je parle de vagues, / De force et de beauté des vagues, de leur / Fragilité. Défaite et victoire sur le temps, / La pierre, le soleil. Caresse lunaire, elles
La laissent faire, battent, lèchent la côte, / Selon la brise, l’éclat des astres, les cris / Des dieux, les chants : le chagrin teinte / De secrète colère et le rire fait exploser.
Contemple-les, elles fascinent, elles feu / De l’océan, enflamment le vent, la barre / Déchiquetée par l’eau, le sel, et l’écume
Rêve. La houle berce l’âme et le corps, / Les pensées dérivent, grand large, île. / Le mouvement des vagues, amour, vie.
La musique fuit la forêt, exil d’oiseaux. / Frisson des branches dans le vent froid. / La joie au cœur des mots, sous la peau. / Épaisseur des cris, cosmos muet, muré.
Émotion nue, sous la splendeur du ciel. / Vivre sentir profiter du moindre souffle. / Lever les yeux affronter une histoire oh / Souviens-toi des laminaires sur le sable.
Coquillages de la houle lames d’écume / Tranchant dans le vif. Marcher au bord / Du mystère, rire de mouettes affamées.
A la fenêtre sèche l’espoir du couchant. / Ailleurs est là et le froid pique les yeux. / Défiant l’horizon un cargo vert pomme.
Nuit, ouvre tes bras, ton cœur. Sous / Tes paupières de bois, ombre secrète / Des lampes des livres qui le jour ont / Espéré danser, mourir dans ton éclat.
Respirer ton parfum, ouvrir, écouter. / Être écorché, valser avec les statues, / Beauté de marbre. Autour, arbres et / Lianes, nuages et torrents emmêlés,
Roches et lacs, l’ivresse du bonheur. / Les mots doux rejoignent sous terre / La source des regards et des mains,
De la joie, des rires. Oh, tes statues / Brisent les chaînes, puissant Dédale, / Et courent sur le sable, soleil levant.
Prendre appui voler, regard d’amour. / Pattes ailes tendues, au loin, où n’est / Pas ce qui va naître et voir le jour, la / Nuit, mais l’appui fissuré, les ongles
Cassés, rien ne tient. Et le regard, où / Est-il, enfui. Fini je ne vois plus rien. / M’appuyer, mais il n’y a que remous. / Douceur force des pierres, densité du
Granit. L’œil ne perce pas le marbre. / Pierres amassées, empilées, soudées. / Mains peau blessées, en vain résister.
Le corps est une offrande ; l’issue au / Fond des yeux. Voûtes, escaliers sont / Dedans. Chaque pas, la vie est appui.
Monter la haute dune de Merzouga, / Sable chaud du jour, jasmin, fleurs / D’orangers. Ombre des dattiers du / Jardin peigné sur ton épaule fraîche.
Nuit venue s’asseoir, goûter le vent. / Désert du ciel et tourbillon d’étoiles. / Oh qui ne l’a vu ne sait, par milliers. / Sol grêlé d’éclats noirs, lave céleste.
La Terre. Suivre le fleuve évaporé et / Les montagnes mauves, loin la côte, / L’océan, l’eau si claire, nager voler.
Ici, beauté des cyprès, des nuages, / Dedans, la joie des mains aimantes. / Accoudé au garde-corps, le bel été.
Distance ténue, ici là, dedans jamais / Ne disparaît, impossible adéquation. / L’œil et la fleur, illusion des reflets, / La pupille sombre en un puits infini.
Ailleurs l’œil jette dans le feu coloré / Paysages, rues, jardins par la fenêtre. / Se jouent drames, naissances, amour / Ou clairs matins, transparence rayée.
Ou est-ce moi hors des choses entêté, / Mouche et le monde à portée d’ailes. / Je tremble, cherche le repos un appui.
Les regards se fondent, pénombre des / Forêts, vagues d’inquiétude et de joie, / Le mystère d’autres yeux, émerveillés.