Ton rêve de printemps, Sésostris, quand les tamaris / Et les acacias embaument l’air le long du fleuve. Tu / Cueilles de lourdes grappes jaunes, un panier rempli. / Quel fut-il. Est-ce mon rêve du tien. Ou le khamsin.
L’eau du grand Nil, dans un tourbillon, noie ma nuit, / Non la pierre éclatée de ton visage royal. Bourrasque / De l’hiver, les cyprès troublent ma mémoire. Où est / Ton corps de marbre. Oh, le silence est-il ton linceul.
Et Méréret, l’amour. Le rêve se joue du crâne fendu, / Et du Nil. Je vois tes yeux, ton nez, ta bouche. Et tu / Cries, tu appelles, tant de siècles. Au fond du fleuve.
Les oiseaux sont là, les nuages de Haute-Nubie et la / Poussière, l’espoir, la vie. Souviens-toi. Oui, ta reine / Aime toujours le silence, si beau quand le fleuve dort.

Photos : Grand-Rond, 15/12/20, 17:35 ; Tête féminine, Togo, XXe s., coll. privée, 07/07/20, 14:15 ; Ounennéfer et les dieux d’Abydos, règne de Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.), 19e dynastie, Louvre, 20/07/20, 10:27 ; Rêve de Haute-Nubie, extrait (in La Boussole des rêves, éd. Le Chat polaire, 2020)