L’être, le corps, ce que je touche et qui / Jamais ne s’échappe, ne se détache de / L’univers. Platanes, oiseau ou caillou. / Ce corps, mien. L’autre, mains posées
Je le serre, l’écoute au bout des doigts. / Le corps est mélodie. Il chante, danse, / Enlacement, rien ne subsiste, les mains / Courent, l’être se dilue. Corps si fluide.
Os, muscles, cerveau, visage. Fluidité / De la mort dans la vie, contre la mort. / Harmonie, oh, cacophonie, dispersion.
Lassitude, corps fourbu de ce silence. / Bruit de fond, loin, mais là. Le corps / Est ailleurs, beauté, grondement, feu.
Tout mot cache un silence, son ombre portée, / À peine dit, crée un vide sien, celui du corps. / Il fait feu de tout moi, logé au cœur du crâne, / Fouillant profond, fait sa toile, un nid ou rien.
Silence imminent reconduit, le mot est douce / Flèche ou cible de paille. Au soleil tout brûle, / Renaissant, miroir aux éclats de sel, et devant / Batifole l’univers. Arbres et oiseaux, prairies,
Montagnes, tout est bon, à qui dira les larmes, / De joie ou de tristesse, fulgurant écho, la chair / Caressée, blessée, ce qui touche l’œil, la peau,
Le corps exposé. Bleu du ciel et de la mer, nuit / Rongée d’absence, de cris. Terre, aux semelles / collée, dans ma bouche devient paysage, destin.