Il en est de certaines blessures, comme de / Coquillages abandonnés sur lesquels le pied / Se crispe, piqué par la nacre, coiffés d’algues, / Envahis par le sable au fil des millénaires. […]
D’un enfant submergé par le chagrin, n’ayant / En poche aucun mot, ni regard ou épaule, pas / Même la trace d’un refuge, sinon sa douleur / Clouée au temps, flèche sans pointe ni cible.
De ces repas sans fin, où un silence épais / Enduit les murs, remplit les cuillères au ras, / Gorges, poumons, corps, la chair étouffée, / Dehors tinte un vélo, flotte une robe légère.
De ces plaies que rien ne peut panser, elles / Atteignent l’être, ou le monde, ou la peau, / Ou les forêts d’où jamais le feu n’est absent, / Sous un soleil d’amour, séduisant et joyeux. […]

Photos : Lumières de la nuit, Front de mer, San Sebastian, España, 22 07 16 0h11 ; Portrait de jeune fille après le bal av 1885, Armand Cambon, 02 02 20 ; Antonia Minor, 36 av. J.-C., art romain, fille cadette de Mar Antoine et d’Octavie, 03 08 18 16h35 ; texte (extrait de La Boussole des rêves, éd. Le Chat polaire, 2020) ©JJM