Oh silence abyssal, préhistoire de la vie. / Sans amour, l’être nu jamais n’en sortirait. / Surgit dans la lumière un visage égaré. / Soleil d’un matin frais et paroles inouïes.
Où échouent le chagrin de l’enfant, la douleur / De l’homme. Le son bute, au plus profond reflue. / Tout est silence, abandon, l’espoir est ailleurs. / Faille, cruel abîme. Les mots ne sortent plus.
Dessin : Frères, orphelins, Guerre d’Espagne (1937, d’après F. Kollar), graphite, carbone 18/03/20
Violence de l’origine, de l’archaïque vie. / Langue arrachée, le corps et l’âme écartelés. / Cœur de l’énigme, danse de joie, sol martelé. / Appel de l’autre et sous la peau le premier cri.
Lumière fragile, instable, nue. Élan nacré, / Mais le soleil se cache. Je traque l’ombre / De l’origine. Oh, le temps vacille et sombre. / Beau visage innocent, toujours tu reparais.
Dessin : Visage d’Olga Adamova Sliozberg (1902-91), 1936 et 1954 (18 ans de goulag), graphite, pierre noire 21/02/20
Temple de pierre noire, or fin, draps de soie. / Oh, le cri de Didon tourmentée par l’amour. / D’un aède, seul le chant, phorminx et belle voix. / Soudain reflet de ton visage, au petit jour.
Entrevoir, tu sais, — oh, démesure du vent, / Mâchoires du temps —, ce que merle et tourterelle / Ou grillon font chanter. Nos yeux et nos appels / Ne déchirent pas le voile, l’enfant seul est savant.
Ciel glacé d’hiver, visage saisi par le froid. J’aime / Le froid, la pluie, la chaleur du désert, le printemps / Parfumé, qu’importe le temps. L’herbe, les pierres, / Les nuages, le soleil de Van Ruysdael, sont partout.
Je marche. Berge d’un fleuve, ici, ailleurs. Soudain / René Char, fureur et mystère, eau fripée par le vent, / C’est quand tu es ivre de chagrin, ivre, je le suis, oh, / que tu n’as plus du chagrin, je ne sais, que le cristal.
Nuages hésitants, le cristal du soleil, partout le soleil. / Je ferme les yeux, je ne veux pas. Je m’enfonce dans / Les rues, ciel glacé, Palais-Royal, visage. Le parfum
Du printemps, de ta main, les mots tombent, cascade / Sur ma langue, les mots chantent encore. Ivre de vie, / Puits d’amour, au fond le cristal, la douceur du soleil.
Ta voix. Rêve romantique la nuit dernière, des heures, / Poignée de secondes, des heures à me battre, émerger, / Sombrer. Dis-moi pourquoi, pourquoi s’entêter à taper / Encore taper sur la transparence du devenir et à la fin,
Tragédie. J’entends, je marche loin, à la frontière, une / Grande scène d’opéra. Espérer, redouter, glacés d’effroi, / Enflammés se serrer, tu t’échappes, reviens et je cours. / Le volet lutte, autan furieux. Château de Ravenswood.
Lucia, folie, cyprès extatiques. Ce nom, Lammermoor. / Ciel menaçant, le visage dévasté, Il dolce suono. Bord / Du gouffre, tendre les mains, del ciel clemente un riso
La vita a noi sarà, et tout a basculé. J’ai soif, le jour est / Levé, les freins d’une benne à ordures hurlent. J’y suis. / Le café embaume la chambre, oui, la fenêtre est ouverte.
Espoir de temps meilleurs. Ciel et nuages frais. / Neige et visage matinal. Soleil, chaleur / D’été. Grands pins, vent de mer. Parc fleuri, marais / Bordé de joncs. Tu sais, faire jouer les couleurs.
Belle année 2021, et si urgence, la jeune chamane est là !!