Rester chez Soi, et chez Soi, avant, après, après quoi ? Permanence et mouvement, flux, histoire, un rien fait basculer dans le vide, et se relever, encore et encore !
Les mots sont anémiés. La main s’étonne,
Trace de quoi briser l’errance, contenir la vie.
En chemin vers la clôture du gouffre,
De la faille, parer la plaie de l’être.
Si près, l’abîme du soi où le soleil se perd.

Creuser, racler, donner voix et lumière à
Ce qui gît profond. Échouer sur un rivage
De lune, à l’ombre de grands arbres, libre.
La main trace sur l’eau l’heure du départ.
Vers où, nul ne sait. Suivre les lignes brisées
Qui font surgir ce qui n’existe plus, caché,
Secret, refusé. La main se souvient, dessine
Un visage, non, deux, le même, pour soi.

Texte inédit, extrait ; dessin : portrait(s) d’Olga Adamova Sliozberg (1902-91), au goulag (1936-54), avant, après ; graphite 21/02/20 ©JJM