Il n’y a rien au-dessus des arbres, rien, sinon la violence des paroles consumées, la vacuité des promesses, la boiterie de l’homme blessé. Quelques rires épars, dans la forêt amnésique. Le ciel est lacéré de vaines prières. Le silence est un gouffre.
La neige rouge tapisse les trottoirs, les corps rebelles. Chaque branche, lancée plein ciel, se fait racine, appel ou réponse, pleur brûlant, rire enfantin. La naïveté combat la mort. Les oiseaux le savent. Ils se posent, élégants, plumes colorées de chants inouïs, tandis que le bois rumine et fouille les entrailles.
Alors je ferme les yeux, visage collé à l’écorce rugueuse ou lisse. Oh, la chaleur coule en moi, je n’entends plus rien. Je n’ai plus qu’à me laisser vivre. Les mots refluent, rejoignent l’humus.
texte et dessin (d’après El Greco, Cristo abrazando la Cruz, pierre noire) ©JJM