Le sang coule sous le marbre, le corps jaillit du bloc. Le volcan des yeux couve une blessure, la beauté. Ton pouls bat la chamade. La passion n’est-elle vive que tragique. Oh, ta pâleur florentine rappelle du jasmin le parfum.
Princesse, toi l’inconnue, dans un musée emprisonnée, qu’as-tu vécu de si pur, de si douloureux, quel drame ta bouche tient-elle secret, quelle joie fragile, sous un diadème peint. Tu as affronté un matin glacé, une nuit tu as tremblé, cœur dévasté, en toi grondait l’orage. Tu t’est levée pour voir le ciel et la forêt.
Tu chantais, voix perdue dans l’éther. Tu rejoignais les oiseaux tissés de tes mains sur la tenture des saisons. J’ai chuchoté, au cœur d’une foule de Babel, j’ai osé te parler. J’ai inventé les mots de ton silence. Le marbre était chaud. Le soleil caressait tes bras et tu m’as souri.
texte et dessin (Tête féminine, plâtre, coll. Ingres, MIB Montauban ; pierre noire, 09/02/20) ©JJM