Les mots sont anémiés. La main s’étonne et trace à jamais de quoi briser l’errance. En chemin vers la clôture du gouffre, de la faille, parer la plaie de l’être. Les bêtes s’y réfugient, apaisées. Effacer, pour toujours, l’incertitude de la peau effleurée.
Si près, l’abîme du soi où le soleil se perd. Ne jamais fermer l’œil, être à l’affût. Creuser, racler, donner vie et lumière à ce qui gît profond. Enfin, échouer sur un rivage de lune, à l’ombre de grands arbres.
La main trace sur l’eau l’heure du départ. Vers où, nul ne sait. Avant, dedans, naïveté. Enfants perdus. Ne rien voir ni savoir, suivre les lignes libres, qui font briller ce qui n’existe plus, ou pas encore, caché, secret, refusé. La main se souvient et dessine, pour la première fois, pour la dernière fois.
texte et dessin (d’après E. Degas, Petite danseuse, 1878-81, Orsay, et D. Lange, Damaged Child, 1936 ; pierre noire, 27/01/20) ©JJM