Dis-moi que faire, toi qui as tout jeté à l’océan. Dis-moi que dire, si la houle avale cris et peurs. Comment garder le même visage, ou se cacher, se montrer, sans fard ni fatuité, dans l’abandon de soi. Chante-moi la complainte des naufragés.
Je veux retrouver le fil ténu du vent frais, rêver. Dans l’eau du silence, dis-moi, qu’y a-t-il, rien. Ouvre les yeux, lâche, regarde la vérité en face. Expose-toi, sans crainte de risquer ta vie, noyée dans le puits d’un regard refuge, exposée à toute bourrasque.
Se cacher au creux de tes mains, c’est cela, se découvrir, danser sur tes paumes et respirer l’air de ta peau, fermer les yeux, et voir. Dis-moi, toi qui as tout jeté, qu’y a-t-il après.
texte et dessin (Migrante, D. Lange, USA 1936, et Tête, G. Drouet, 1662, M. des Augustins, Toulouse ; pierre noire, mine de plomb, 30/01/20) ©JJM