Les grands fonds

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Désert pétrifié. Des fous s’entretuent. Bruits et rumeurs de ruines, cris de haine, terreau d’incendies, leurres et mirages ; où scintillent les idéaux mythiques, mités ; où balles et lames font de l’amour, une proie. La douceur égarée jaillit des regards d’enfants, au milieu des gravats, des pleurs. Muette, la grande marée dépose sur le sable, algues vert sombre et coques vides, débris de bois flotté, de cageots, têtes de poissons. Et tous les rêves azur des marins inconnus.

Alors commence le vrai, l’unique voyage. L’errance, sans terme ni fil, au gré du vent, des visages croisés. Seule façon de caresser le monde, de s’y perdre, de renaître, naïf ; de narguer la mort, à chaque peau effleurée. Sindibad de Bassorah, Cristoforo de Gènes ;  Marco Polo, serviteur de l’empereur mongol, en paix à San Lorenzo ; James Cook, Captain, mort à Hawaï ; La Pérouse né au Gô, disparu à Vanikoro, y est encore avec ses équipages.

Découvreurs de grands fonds, Chevaliers des mers vides. Le regard noir ou bleu, — cuir tanné par le sel, soif d’eau et de ciel —, tourné vers l’océan où les baleines sont des îles, et des côtes sauvages, habitées de femmes gracieuses, de pêcheurs de perles, loin de tout. À l’ombre des cocotiers, images de bazar qui masquent la terreur, ventre dévasté par la peur et la dysenterie, corps rongé de scorbut. L’horizon se gagne de haute lutte, l’amour est à ce prix. Il faut sillonner l’absence. Ma tête chavire, le train a du retard, pour cause de rails rouillés.

texte et dessin (en cours) ©JJM

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