Nuit d’enfantine colère, encore. Le sel coule sur le visage enfoui, regard tourné vers l’innommable. Guerres, exodes, meurtres. Noir silence et métaphysique des ongles rongés. Refuge de l’être dans un abîme de solitude. Au bord des lèvres, de l’eau de mer, sur le drap se déploie l’été. L’enfant agite ses bras, ses jambes.
Toujours il est là, à courir, en moi. À peine ai-je fermé les yeux pour dormir, galets brûlants, vite plonger, rire, noyer la nuit, caresser le fond bleu. Piéger l’être friand de mie trempée, bouteille cul percé, le poisson affolé butte contre la transparence, s’entête, trouve le chemin de l’illusion, fichu, amour bafoué.
Alors vaine colère, inutiles sursauts. Le halo de la fenêtre ondule. Il faut patienter, trouver l’autre chemin, celui de la joie, nier le mirage de tendresse blessée.
texte et dessin ©JJM