Silence aux mille visages, celui du grand pin parasol. La lumière hésite, glisse entre les branches piquées d’aiguilles, le tout suspendu au ciel, au plafond des rêves. La ville se cache derrières les frondaisons. Murmure des places, des cafés. Les anges dorment, ne s’éveillent qu’aux étoiles. Les cigales se languissent, attendent la nuit, soudain muettes dans la touffeur du soir qui tombe sur les lauriers roses, le buis, les lilas, l’amandier dont le bois craque.
Soudain, fraîcheur de la tonnelle, à l’abri du monde, en son cœur. Petit verre de blanc, coquillos, rires gourmands. Frisson d’un univers flottant. L’écureuil dans le grand pin parasol se dresse, moustache en bataille, hume l’air. À peine rassuré, il boit dans la vasque au pied du tronc.
En lui, de frais embruns de joie, bribes de beauté fugace. Je suis des yeux un duo de papillons blancs, pas de deux sur fond de verdure, ballet happé par l’entrelacs des branches où la vie trouve refuge.
texte et dessin ©JJM