Le lent Glacier de Mnémosyne

 

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Jamais la nuit ne s’éteint la colère du jour. Les mots volent, et les regards et la vie. Ce n’est rien, tout est dedans et rien ne sort. Long voyage, loupiotes jaunes, rails gris. Que faire du monde, de soi, de nous. S’expliquer. Murs, plafond, porte, fenêtre, tout tenir. Jamais colère ne. Trémulation. Se tourner ne servirait de rien. Yeux clos, pareil. Où est-elle, au cœur du ventre, au cœur du sexe, non, du ventre. Histoire malaxée, ça touille et tort, il va se passer quelque chose. Se lever.

Oh, patience des cyprès, des tourterelles, la nuit. Se recueillir, se taire, se blottir. Laisser le gouffre grouiller dans le noir. Guerres, viols, cris. Tout est dans le ventre, haine, leurres, mépris, mensonge, tout. Et la joie, et l’amour. Dormir, s’éloigner, chanter à tue-tête. Pas un son. Étrange chant du lointain, poumons gonflés, papier peint décollé. Danser.

Légèreté de l’envol. Jeter regard au sol, tout serpente et glisse. La colère se débat. Le lent glacier de Mnémosyne broie tout ce dont l’océan se délecte. Fille d’Ouranos et de Gaïa, est-ce bien toi, je t’appelle. Que faire de ma colère qui ne s’éteint, de ces mots venus de toi. Est-ce toi qui. Ciel infini, terre collante. Oui, traquer la vie, tu sais, ne rien laisser se perdre. Ta voix, ton rire.

©JJM