Étrangeté du temps, flèche, fleuve,
Sable, pluie, soleil dans le vent.
L’épée fend la rouille, bats-toi,
Ne fais pas semblant d’oublier.
Il perce ta poitrine, une fois, mille fois,
Ton cœur crie et tes yeux cherchent
Des yeux, dans la poussière, les nuages
Que d’une main, naïf, tu voudrais
Éloigner, effacer, balayer.
Flèche ou fleuve, tu fabriques
Une armure invisible, un bateau
De fortune, mais tu ne veux pas,
Tu ne veux pas, cauchemar du non.
Chagrins de l’enfant, de l’homme,
Couteaux de la tendresse, de l’amour,
Toi qui ne veux que joie, rire et danse.
Le temps raconte une autre histoire,
Si belle, un diadème de papier doré.
Tu voudrais rejoindre la forêt profonde,
Te perdre dans les chants nocturnes.
Dans les feuillages, sous la moisissure
Des millénaires, des villages enfouis.
Sous l’empreinte de pieds ensanglantés,
Dans l’épaisseur des guerres, des paradis.
Toujours tu es rattrapé, pris à la gorge.
Bats-toi, sois fort, fragile, ne ferme pas
Les yeux, ni les oreilles, ni les mains,
Ni ton cœur. Tu n’effaceras rien.
Images collées sur les pupilles,
Au creux des paumes, tatouées.
Oh, la peau, partout, dessus,
Dessous, la vie. Écoute la peau.
Elle parle de l’autre peau, tu sais,
De l’autre temps, caressé, magique.
De traces qu’un rien fait briller,
Hasard, pleine lune ou frisson.
Dans la chambre, à terre, livres,
Rêves en lambeaux, voyages
À inventer, fenêtres à ouvrir,
Parfum de larmes. Joie, espoir.
Sous une pile de partitions,
Sous toutes les musiques dont
Tu nourris ton corps, dans l’ombre
D’un visage, d’un puits de douceur,
Un oiseau, que tu aimeras toujours.
Une mouette, sur un marque-page
Orphelin, revenu de loin. Elle défie
Le temps, dans la lumière du jour.
28 09 17