Coccinelle sang

Dans le genêt, une coccinelle, goutte de sang. Une fleur
l’absorbe, le parfum de ton corps soudain, envahit le ciel.

Tu n’entendras plus ma voix, coccinelle immobile, cœur
d’un soleil de velours. Les nuages tombent, l’oiseau vit.

Attendre la nuit, nos vies ébréchées. Nos mains glissent.
Fleuve, notre lit. Dormons sur la dune à l’abri des oyats.

30 06 17

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Les méandres du Tage

Oh, je sais, la ville danse et…, quoi. Depuis ta loge,
tu entends la salle, les sièges grincent. Ton costume

te serre le cœur et tes mains volètent. Les trois coups,
que vas-tu dire. Oui, parle de Tolède et du Greco, des

visages si fins, des robes de satin. Oh, de la passion,
et du corps de l’aimée. Dans les méandres du Tage.

27 06 17

Les broussailles fleuries d’oiseaux

À la cime d’un immense acacia, un marabout guette,
ne sais quoi. Il se moque de ma naïveté, bec dans la

poussière des larmes. Nous avons couru, nous, en moi,
têtes enfouies dans le pagne. Un berger traverse à gué,

baluchon à bout de bras, fleuve glauque. Suffoquant je
te serre, blottie, vers les broussailles fleuries d’oiseaux.

26 06 17

L’or des gazelles

As-tu dansé sur la terre rouge, en lisière de forêt,
pour ainsi défier le soleil et la brûlure du temps.

Les flamboyants explosent et le fleuve scintille.
As-tu vu l’or des gazelles, oh, goûté le mystère

des mangues, à l’ombre du bougainvillier blanc.
Écoute le sang et l’amour, chuchote la mangrove.

25 06 17

Je n’irai pas au ciel

Je n’irai pas au ciel, non, j’aime trop la terre,
et le soleil et la pluie, le parfum des champs.

Les bêtes fourbues sous l’orage, sentier pierreux,
et lever la tête pour rien, ou le vent, la lumière.

Et ton rire sous le tilleul, oh, la ville à ta fenêtre,
à l’ombre de ta main, le ciel à travers tes doigts.

24 06 17

Oyats et genêts

J’aime le vent, les nuages, le désert et la neige.
Laisse-moi, ma colère. Arrache de ma mémoire

malade, l’espérance de l’enfant trahi, abandonné.
Ne déchire pas mon corps traversé de tes cris.

Ne masque pas l’amour de l’océan, des oyats,
des odorants genêts et d’un visage ineffaçable.

23 06 17

Le jeu des regards

Le soleil brûle ton visage, tes yeux plissés,
Le mystère de ta voix. À l’ombre du fleuve

Nappé de brouillard, je vois le sable secret,
Le jeu des regards. Vertige. Il reste le ciel

Et la forêt, les nuages et la houle. L’amour,
Le silence des paysages d’hiver, et la vie.

22 06 17

Une voix

Mon silence est pour toi. Il se brise au matin,
premier rire du soleil, quand l’océan fouaille,
dans mes yeux et ma gorge, mes poumons et mes reins.
Alors me suit une voix, un doux chant, où que j’aille.

19 06 17