Je remercie les arbres, grands et petits, les géants.
Ils apaisent la colère, ma colère, un temps, hélas.
Car c’est bien cela qui est attendu, n’est-ce pas,
colère, agressivité, opposition, oh, affrontement.
Ce qu’on appelle lutte, un ersatz de lutte, un spectre.
Et jusqu’où. Nous nous gargarisons de mots sortis
des livres, des livrets, qui enflamment les cheminées
et les scènes d’opéra. Mais la vie est chair fraîche,
qu’un rien peut entailler, que la furie ronge et brûle.
Quelle facilité, quel renoncement à soi. Faut-il toujours
partir, tourner les talons dans la posture d’une rectitude
de façade, d’une fierté de pacotille, qui couvre si mal
la faiblesse, la défaite, déguisées en liberté mal conquise,
mal comprise. Alors merci les arbres. Je me mets à l’abri
de moi-même. Leur ombre ne cache rien, elle protège,
elle soigne, elle console, elle prépare à l’amour, à la vie
positive, qui est dépassement, envol, et non déchirure.
Je remercie les arbres, si beaux. Se perdre dans le vert,
sentir la sève, caresser l’écorce rugueuse, aussi douce
qu’une peau, écouter les oiseaux cachés, voilà, merci.
30 05 17