Oh, ma colère, ne gâche pas le bleu du ciel,
le doux secret de la nuit, ôte de mes épaules
tes griffes. Laisse-moi admirer la souplesse
des vagues. Fais du naufrage, de l’abandon,
la source d’un élan neuf. Abandonne-moi là,
en pleine forêt, au bord du fleuve Congo ou
du Tigre, sans larmes. Vaine colère, n’épuise
pas mes forces. J’adore la caresse du vent et
les fringants nuages, et la neige et le désert.
Laisse-moi en paix, arrache de ma mémoire
malade l’espoir de l’enfant trahi. Ma colère,
ne déchire pas mon corps traversé de tes cris.
Ne masque pas l’amour de l’océan, des oyats,
des odorants genêts, et d’un visage effacé, oh.
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