Martèlement de sabots, troupeau de chèvres
noires aux yeux jaunes, pupilles magiques.
Sur le chemin pierreux, un cri au loin, ténu,
porté par la poussière, trémulation du sol.
Au bout des doigts, dans tout le corps,
le souffle des bêtes, humide et rauque.
L’orage a blessé le ciel pupillaire, strié de
sang, bêtes poussées vers le profond ravin
qu’en un bond il franchit. À nouveau le cri,
étouffé. Une main chassant le drap, il se lève.
Les images s’amoncèlent autour de lui, nu.
Est-ce un cri de départ, la perte d’un visage.
La nuit est une caverne où résonne la vie,
sur ses parois s’étale l’agonie du printemps.
Fenêtre sur la pinède, les sabots piétinent,
harcèlent ses tempes, il voudrait appeler.
Le parfum sucré des genêts ivres d’abeilles
l’envahit, comme l’eau inonde un champ.
Alors, transpercé par le cri, dévalant la dune
jusqu’à la rive du fleuve, il rejoint le troupeau.
28 03 16. Épiphanies 50