Des mots la peste soit, même morts
ils persistent, anguilles dans le gouffre
de la nuit printanière, pleine lune,
à glisser, souples et luminescents,
à filer entre les os, les entrailles, les doigts,
mots vides, mots brûlés, cendres de mots,
paroles jetées au pied du volcan,
mots chantants, murmurés, caressés,
mots de l’enfance, mots de l’amour.
De la mort des mots, si beaux, la peste
soit, qu’ils vivent, ces purs diamants,
dans la tempête et la violence du ciel,
lune ou pas, dans la nuit des regards
éperdus, des silences étonnés, de la
tendresse inépuisable, des rires clairs.
Mots dansants, farandoles à l’horizon,
les mots tentaculaires grouillent, hélas,
au fond du seau, dans la mélasse à venir
d’une histoire inachevée, ils passent,
toujours joyeux et prometteurs,
innocents, devant le hublot de la vie,
tandis que le yeux cherchent les yeux,
que les mains se nouent en un ballet,
que les bouches s’ouvrent pour parler.
26 03 16. Épiphanies 47