Douceur des nuages gonflés de joie naïve,
au vent tourbillonnant des caprices du ciel.
Dans le tilleul en fleurs s’agite la pénombre.
Enivré, il attend la caresse de la nuit promise.
Une terrible secousse fait trembler les toits,
les arbres ploient sous la violence du choc.
Mais rien jamais n’atteint de l’enfant le désir
d’embellir la vie, ni même l’amour abandonné.
Il rêve. Te rappelles-tu les Afriques nocturnes,
les feux de latérite sous les grands flamboyants,
le brouhaha des marchés de brousse calcinée,
le tamtam des corps enluminés d’innocence,
les forêts transpercées de fleuves invisibles.
Jamais ne cesse, au fond des yeux éblouis,
l’efflorescence des masques immémoriaux,
ni la palpitation des seins sous les doigts.
Au bord des pistes, des falaises immenses,
dans le silence des rivières, des plateaux,
ou au bout des pontons rongés d’histoire,
devant une porte entrouverte, la patience
seule peut lutter contre l’incendie des forêts
que les troupeaux redoutent. À la fenêtre,
les nuages s’étirent en lames d’arc-en-ciel,
pour apaiser ses nuits et son corps à l’affût.
31 03 16. Épiphanies 51